THE RED NUT
PAR LE PHOTOGRAPHE DE MODE NIL HOPE
Sous la lueur sulfureuse des réverbères parisiens, dans le tristement célèbre quartier de Pigalle, se déroule un récit aussi riche et texturé que l'histoire de la ville elle-même. Il s'agit d'un conte moderne, qui suit la figure énigmatique d'un joueur professionnel, dont l'histoire est gravée sur les pavés et chuchotée à travers les feuilles bruissantes du Montmartre voisin.
Hamilton Seguin entre dans le rôle avec une aisance qui dément la complexité de son personnage. Il est la quintessence de l'homme fatal, un homme dont le regard acéré et les costumes encore plus tranchants traversent la brume enfumée des fumeries de poker clandestines et des bars faiblement éclairés. Nil Hope capture cette danse d'ombres et de lumières, créant un poème visuel qui parle de risque, de récompense et de la poursuite incessante de la fortune.
Le récit de la mode, présenté dans Esquire HK, est cinématographique, c'est le moins que l'on puisse dire. Il porte ce "je ne sais quoi" indescriptible d'un film de Jean-Pierre Jeunet, où chaque image est une histoire et où chaque point de vêtement est un indice de l'énigme du protagoniste. Il y a de la poésie ici, dans la façon dont la silhouette de Seguin s'appuie sur le comptoir du bar en zinc, un verre de whisky captant la lumière avec justesse.
Pourtant, au milieu de cette beauté orchestrée, il y a un sentiment de déconnexion. C'est comme si Seguin, drapé dans les dernières créations des stylistes haut de gamme, faisait à la fois partie de la ville et en était séparé. Il se déplace dans Pigalle comme un fantôme, touchant le monde sans en faire partie. Ses interactions sont un ballet de brèves rencontres, une série de paris et de bluffs qui témoignent de la nature éphémère de sa profession.
L'objectif de Nil Hope ne s'effraie pas de cette dualité. Au contraire, il l'embrasse, tissant l'atmosphère parisienne réelle avec des fils de solitude et d'introspection. Le résultat est une histoire de mode qui ressemble à une tranche de vie, un fragment d'une histoire plus vaste et inédite que les spectateurs ne peuvent s'empêcher de vouloir démêler.
Dans "Hamilton Seguin pour Esquire HK", la photographe parisienne Nil Hope n'a pas seulement capturé un personnage, mais aussi l'esprit d'une ville. C'est un Paris qui vit et respire au-delà des brochures touristiques, un Paris qui est aussi réel que la poussière sous les ongles d'un joueur. Et c'est dans cette authenticité que se trouve la véritable poésie de l'œuvre, un rappel que parfois, les histoires les plus fascinantes sont celles que l'on entrevoit mais que l'on ne saisit jamais complètement.
-The Fashionisto-